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NOTES DE VOYAGE


VENISE.


Mai 1847.


Nous sommes arrivés à Venise à l’heure la mieux choisie pour faire connaissance avec cette merveilleuse ville. La nuit tombait ; à la clarté d’un reste de crépuscule et de quelques fanaux, nous parcourûmes le grand canal dans toute sa longueur, bercés au fond de la gondole qui nous portait et qui rasait à chaque instant d’autres gondoles rapides et silencieuses. Je m’étonnais de voir ces embarcations d’une coupe si gracieuse, uniformément tendues de laine noire, le drap retombant devant et derrière la cabine avec des glands noirs, comme autant de catafalques. Est-ce un reste du caractère mystérieux des anciens Vénitiens ? est-ce une manière, de porter le deuil de la liberté et de la gloire ?

Nous avancions cependant et nous voyions à droite et à gauche les palais avec leurs riches gale-