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pontife sacrifie, depuis l’apôtre Pierre dont le tombeau est au-dessous, jusqu’à ces générations de papes et de saints de tous les temps, ensevelis sous le pavé de la basilique, alors, mon ami, on éprouve une joie infinie de voir enfin honorer dignement ce Dieu si méconnu et si outragé. Les hérétiques et les schismatiques qui se trouvent présents ne résistent pas à cette impression ; on les voit courber la tête avec les autres et s’écrier au moins « Que c’est beau ! » Mais comment vous rendrai-je ce que j’ai vu lorsque, l’office s’achevant, les portes se sont ouvertes pour vomir la multitude sur la place déjà couverte d’une foule innombrable car on évalue à plus de soixante mille hommes ceux qui attendaient la bénédiction ! Les gens des campagnes étaient venus par troupes, avec leurs costumes pittoresques les soldats y assistaient sous les armes, et une quantité infinie de Romains qui n’ont pas l’habitude de suivre ces cérémonies, s’y étaient rendus cette année, pour honorer la première Pâque de Pie IX.

Cependant, quand le pape a paru au balcon accompagné des cardinaux, le silence s’est fait tout d’un coup, si subitement, si universellement, si profondément, que l’on a pu entendre d’un bout à l’autre les oraisons et les prières prononcées par le pontife jusqu’au moment où, s’étant, levé, bénissant la ville et le monde avec une majesté infinie, de toutes les parties de la place on a répondu :