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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

de l’ancienne basilique qu’il s’agissait de remplacer; cette église est faite, non pour la prière solitaire, mais pour les triomphes du christianisme, pour les fêtes royales du pontificat ; il n’y fallait, ni le demi-jour, ni le mystère de nos cathédrales gothiques, mais la splendeur, la lumière, l’espace. Sans doute, quand Saint-Pierre est vide, on n’en voit pas toute la grandeur mais il ne faut pas le voir vide ; il grandit à mesure que le peuple y entre : des milliers d’hommes arrivent par toutes les portes, il semble que Rome entière s’y précipite, et cependant il n’y a jamais de foule ; le flot de la multitude vient mourir contre les murailles, comme la mer contre les rochers, mais sans violence et sans bruit.

Le jour de Pâques, vingt mille personnes peut-être assistaient à la messe, et il restait une immense étendue pour la liberté des cérémonies; vous ne pouvez rien imaginer de plus grave, de plus harmonieux que la disposition du cortège sacré et que ses processions du trône à l’autel. Au moment de l’élévation, quand le pape se retourne et montre la sainte hostie et le précieux sang, et que tous les ordres de l’Église représentés par leurs chefs et leurs délégués, toutes les nations chrétiennes représentées par leurs ambassadeurs, leurs pénitenciers, leurs pèlerins, sont prosternés dans une même adoration ; quand tous les souvenirs du catholicisme sont rassemblés autour de cet autel, où le souverain