Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

Seulement je ne pouvais pas travailler, et je me trouvais parfaitement en harmonie avec l’esprit public qui n’était tourné qu’aux fêtes et aux divertissements. Amélie a longuement conté à sa famille les plaisirs que nous nous sommes donnés. La vérité est que nous ne nous sommes pas refusé les joies permises et que nous avons pratique la maxime :

Si fueris Romœ, Romano vivito more.

Cependant nous prenons le proverbe dans toute son étendue, et comme nous nous sommes divertis avec les Romains, nous tâchons aussi de nous sanctifier avec eux. Samedi 5 février, nous savions que le Pape dirait la messe à Saint-Apollinaire qui est l’église du séminaire de Rome, et que peut-être il y donnerait la communion aux laïques. Nous nous étions préparés, et le matin à sept heures et demie nous entrions à Saint-Apollinaire. Autour de l’église étaient suspendus des festons de verdure et la terre était jonchée de feuillages. On avait orné l’intérieur de draperies blanches, rouges, jaunes, bleues, à bordures d’or et d’argent, avec beaucoup de lustres, de candélabres et de flambeaux. Ces décorations qui choquent un peu nos regards, accoutumés à la nudité majestueuse des églises gothiques, ont cependant je ne sais quoi de joyeux et d’aimable. Elles conviennent à un peuple qui traite Dieu