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de Brunelleschi. Mais si par la pensée je pénètre dans ces éditées dont je n’aperçois que les murs, je les trouve couverts et tout animés de peintures immortelles.

Comment à l’ombre d’une architecture si sévère, a pu se développer et s’épanouir une peinture si naïve, si pleine d’innocence, de grâce et d’un céleste éclat ? Comment au milieu des guerres civiles, des trahisons, des vengeances, a pu se faire l’éducation de toute cette école de peintres qui a des anges dans ses rangs ? Où prenaient-ils ces vierges et ces chérubins ? C’est qu’il faut passer par la croix pour aller à la gloire c’est dans les rigueurs de la pénitence et les douleurs de la vie que descendent les visions du ciel c’est de la souffrance que naît l’amour, et de l’amour toutes les sortes de beautés.

Tout ce mystère de l’art florentin est déjà contenu dans la Divine Comédie, où mes pensées reviennent naturellement en apercevant la pierre sur laquelle Dante venait s’asseoir. Les abords du poëme ont aussi je ne sais quoi de menaçant et de sinistre. Mais passez la porte et franchissez l’enceinte de l’Enfer, et vous verrez si les images du Purgatoire n’égaleront pas les plus charmantes compositions de Giotto, et si le Paradis du poëte n’est pas aussi lumineux que celui d’Angelico de Fiésole.

Le jour baisse et je n’ai pas le temps de m’arrê--