Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant de choses, lui a donné une très-belle intelligence. Il a surtout besoin de né pas se sentir inutile en ce monde, et serait très-heureux de faire connaître à la France quelques bons livres étrangers. Quelque chose de semblable à la Jeanne d'Arc de Guido Goerres, par exemple.

De mon côté, vous avouerai-je, mon cher ami, que je n’ai presque rien fait pour vous ? J’ai été longtemps débordé par des occupations innombrables et toutes impérieuses, à l’excès desquelles on a même attribué ma maladie ; maintenant je suis condamné à un désœuvrement complet ; afin de me distraire des livres et des hommes, on m’a relégué dans les bois de Meudon. Enfin je tâcherai de me mettre en règle avant mon départ, afin de ne pas être trop confus quand je vous reverrai à Munich. Ma femme prétend m’empêcher d’écrire trop longuement, mais je soupçonne qu’elle a voulu se réserver le plaisir d’entretenir madame Boré de nos projets de voyage, qui sont si près de se réaliser. Enfin je me laisse arracher la plume par obéissance, ne fût-ce que pour donner le bon exemple à tous les maris de la terre, et je finis brusquement en vous priant de présenter mes hommages à madame Boré, de vous souvenir de moi quand vous écrirez à-votre bon et admirable frère, et de recevoir pour vous l’assurance d’une amitié déjà vieille, mais toujours chaleureuse.