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sais, moi, si faible et si pusillanime, quelques instants d’énergie pour les travaux du lendemain.

Une autre source de vie, ce sont les assemblées du jeune et excellent comte de Montalembert. Là, les plus illustres champions de l’école catholique nous ouvrent les trésors de leur conversation ; d’autres y viennent qui ont défendu de l’épée et arrosé de leur sang le domaine de leurs convictions de jeunes officiers belges ou polonais, des diplomates distingués ; puis des hommes d’une autre école, qui viennent, comme des pèlerins d’un autre empire, contempler quelques instants l’esprit d’union et de douceur qui règne parmi leurs adversaires. Là, sont venus tour à tour MM. Ballanche et Sainte-Beuve, Savigny jeune et Beauffort, Ampère fils et Alfred de Vigny, de Mérode et d’Eckstein. Dimanche dernier Lherminier y était ; j’ai parlé même quelque peu avec lui ; puis une causerie très-intéressante s’est établie entre lui et M. de Montalembert ; nous sommes restés jusqu’à minuit pour les écouter. Victor Considérant y était aussi ; on a beaucoup parlé de la misère actuelle du peuple et on en a tiré de sinistres présages pour l’avenir. Du reste, on cause très-peu de politique.et beaucoup de science ; les jeunes gens y sont nombreux. M. de Montalembert fait ses honneurs avec une grâce merveilleuse. Il raconte très-bien et il sait nombre de choses.