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et au bout de ce temps, sans lire la lettre, il l’analysa à sa manière et essaya de la réfuter. Le catholique, voyant qu’il était mal compris, présenta une seconde lettre au professeur ; celui-ci n’en tint pas compte, il n’en fit point mention et continua ses attaques, jurant que le catholicisme répudiait la science et la liberté. Alors nous nous réunîmes, nous dressâmes une protestation où étaient énoncés nos vrais sentiments elle fut revêtue à la hâte de quinze signatures et adressée à M. Jouffroy. Cette fois, il ne put se dispenser de nous lire. Le nombreux auditoire, composé de plus de deux cents personnes, écouta avec respect notre profession de foi. Le philosophe s’agita en vain pour y répondre, il se confondit en excuses, assurant qu’il n’avait point voulu attaquer le christianisme en particulier, qu’il avait pour lui une haute vénération, qu’il s’efforcerait à l’avenir de ne plus blesser les croyances. Mais surtout il a constaté un fait bien remarquable, bien encourageant pour l’époque actuelle. « Messieurs, nous a-t-il dit, il y a cinq ans, je ne recevais que des objections dictées par le matérialisme ; les doctrines spiritualistes éprouvaient la plus vive résistance : aujourd’hui les esprits ont bien changé, l’opposition est toute catholique. »

Il était triste de le voir s’escrimant à résoudre, par les seules forces de la raison, le problème des destinées humaines ; chaque jour des contradic-