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soirées du dimanche. Habituellement le papa Ampère, comme vous dites, travaille beaucoup et joue peu, et comme c’est lui qui est le boute-en-train de la maison, il en résulte que l’on se divertit rarement. Le dimanche soir se passe souvent comme les autres jours ; c’est-à-dire qu’après avoir causé une heure ou deux, je vais m’enfermer dans ma chambre et je m’y désennuie, comme je peux. Oh ! je vous assure que vous me manquez bien, surtout dans ces moments-là ; les lieues qui sont entre vous et moi me semblent bien longues ; je pense à ma bonne ville de Lyon, à ceux que j’y ai laissés et que j’aime tant. Je pense à ces soirées des dimanches d’hiver, que je passais au milieu de vous, sous l’aile de la famille, devisant avec mon cher Falconnet de mille choses, ou jouant avec lui la fine partie de piquet, qui était quelquefois agréablement interrompue par le vin blanc et les marrons. Aujourd’hui, plus de tout cela. Certes, la famille qui m’entoure me prodigue bien des égards, mais je suis étranger à ses joies et à ses douleurs ; je suis là dans une sphère qui n’est pas la mienne : plus de causeries ni d’épanchements, plus de fêtes. J’ai laissé passer inaperçue la douce solennité de l’enfance, ce 6 décembre, la journée du bon saint Nicolas, que nous fêtions naguère de si bon cœur. Je ne m’en suis souvenu que le lendemain, et je me suis souvenu aussi qu’il y avait un terme toutes ces joies enfantines, et que les plaisirs naïfs,