Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tour un état, une profession, quelquefois une caste.

A cet instant la religion cesse de pénétrer dans les familles et de s’asseoir au foyer, elle s’enferme dans les temples elle ne s’exprime plus comme une instruction familière par la bouche du père, elle est enseignée par initiation, elle parle par la voix des pontifes. Le patriarche, occupé du soin de sa maison et de la nourriture de ses fils, priait dans la simplicité du cœur, sans avoir le loisir de méditer la doctrine. Mais le prêtre, seul avec ses pensées, attaché par devoir à l’enseignement théologique sans autre soin, sans autre inquiétude, pourra-t-il s’abstenir de méditer, de contempler ce qui est devenu l’objet de sa vie tout entière ? Puis l’imagination et la raison, s’emparant tour à tour du dogme pour le commenter et l’embellir, pour l’approfondir, ou même pour le déguiser aux yeux vulgaires, ne finiront-elles pas par élever à frais communs l’immense édifice de la mythologie ? Ceci s’applique à toutes les castes, à tous les collèges de prêtres Druides, Shamanéens, Brahmes, Scaldes, Sibylles, initiateurs de toutes les contrées, de Samothrace, de l’Égypte et de la Grèce. En Israël, c’est la tribu de Lévi, dépositaires des traditions à partir de Moïse ; Moïse et Aaron, prêtres et législateurs, succèdent à l’époque patriarcale d’Abraham et de Jacob, à l’instant où les Hébreux devenaient peuple.