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VI
À M. ERNEST FALCONNET.
Paris, 20 novembre 1831.

Mon cher Falconnet,

Maman me dit qu’en entendant lire ma lettre, tu te comparais à un frère qui entend lire une lettre de son frère. Voilà une comparaison qui part du cœur et qui m’a bien touché, je t’assure. Oui, mon ami, nous sommes frères, frères de foi et d’études, frères ; d’âge et de projets, destinés à parcourir la même carrière ; nos deux vies seront sœurs, elles marcheront ensemble se tenant compagnie l’une à l’autre et tendant vers le même but. Fils d’un, même sang, une même pensée remue nos jeunes âmes, nos regards se portent vers un même avenir. N’as-tu pas épanché en moi tes sentiments, tes joies et tes douleurs ? et moi, ne t’ai-je pas révélé mes plaisirs, mes tristesses, mes espérances ? Oui, Dieu nous fit frères, il mit en nous la sainte fraternité de l’esprit, il l’a bénie, il en a fait la