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la-Chapelle que se couronnaient et se déposaient les empereurs, que se tenaient les Diètes, que s’organisaient les Croisades. Les noms de Charlemagne, des Othon, des Henri, des Frédéric reparaissent partout où s’élève une pierre historique, et il n’y a pas une pierre, pas un rocher qui n’ait son histoire, sa tradition, ou. sa fable. Aujourd’hui s’achevait pour moi-ce qu’on appelle « le tour des bords du Rhin » car les sites pittoresques ou mémorables sont à peu près tous enfermés dans l’espace que j’ai parcouru en deux jours, et jamais plus de grandes images ne furent renfermées dans un cadre plus riche. Ma pensée, qui souvent s’était portée de ce côté-là, n’avait rien conçu qui approchât du vrai. Une nature toute différente de la France, de la Suisse et de l’Italie. Un ciel où les nuages d’octobre laissaient encore se jouer les rayons du soleil et produire à chaque instant de nouveaux effets de lumière. Le fleuve large, profond, limpide, et cependant d’un beau vert de mer. Sur les bords, des montagnes qui ne forment point un mur continu, mais qui semblent presque toutes venir de l’intérieur, et former comme les efflorescences d’autant d’innombrables petites chaînes tour à tour en saillie ou en retraite, et quelquefois laissant entre elles de magnifiques échappées de vue sur les contrées voisines. Partout des stratifications bizarres, des colonnades de basalte, -des traces continuelles de convulsions volcaniques.