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sance sont trop éloignés de mon domicile pour que je les puisse voir souvent. Je n’ai pour épancher mon âme que vous, ma mère, que vous et le bon Dieu..... Mais ces deux-là en valent bien d’autres!

J’ai mille choses à vous dire, mais par où commencer Vous dirai-je ce que j’ai vu ? non, vous désirez savoir tout d’abord où et comment je me trouve. Le voici je suis établi depuis samedi soir dans ma pension, dans une petite chambre au midi, sur les jardins, fort près du Jardin des plantes. « Tu te trouves donc bien, allez-vous dire.  » Pas du tout, je suis fort mécontent, et mes griefs sont nombreux. Je suis éloigné de l’école de droit, des cabinets de lecture, du centre des études et de mes camarades de Lyon; puis ma maîtresse d’hôtel a l’air d’une rusée commère ses paroles et ses manières m’ont fait présumer qu’elle est fort affectionnée pour la bourse des jeunes gens. Enfin, et c’est ma grande raison, la compagnie n’y est point bonne.Il y a des dames et des demoiselles, aussi pensionnaires, qui mangent à table avec nous, tiennent le haut de la conversation et dont les discours et la tournure sont extrêmement communs ; de ma chambre je les entends pousser degrés éclats de rire, car il faut que vous sachiez qu’il est d’usage ici de se réunir le soir pour jouer aux cartes, et l’on me presse de prendre part à ces jeux. Vous pensez bien comme j’ai refusé. Ces gens-là ne sont ni chrétiens ni