Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont l’exubérance même prouve l’insatiable ferveur du peuple, qui les acceptait et souvent se les faisait terre d’illustres souvenirs et de vertus héroïques, entre lesquelles il s’en est encore trouvé une pour honorer la misérable histoire de nos jours !

J’ai vu le Trône archiépiscopal vide, mais l’église était remplie ; c’était une multitude serrée, pressée en quelques endroits au point de ne pouvoir trouver place où se mettre à genoux des hommes surtout, des jeunes gens, des militaires. Figurez-vous l’auditoire de Notre-Dame, mais supposez-le croyant et priant. Toutefois, il faut convenir que cette piété germanique nous étonnerait un peu par le calme de ses attitudes toujours debout, de grands yeux bleus levés vers la voûte, ou errants vers les vitraux, l’oreille évidemment tendue vers l’orgue, les mains pendantes, ou froissant un livre dont les feuillets ne se tournent pas ; de temps à autre un signe de croix long et régulier, puis la génuflexion finale et l’ Ite missa est est pris au pied de la lettre. Il y a pire et les magasins presque universellement ouverts le dimanche, la foule sortant du salut pour se porter aux fêtes baladoires, attestent une inconséquence de caractère, ou une insuffisance d’instruction, qui fait déplorer plus vivement l’absence du Pasteur. On annonce pourtant sa délivrance et son retour, et la seule cause du délai paraît être l’énergique insistance de Mgr de