vent un asile pour leurs mœurs en même temps que d’inappréciables secours pour leur instruction, Louvain m’a fait voir comment l’Eglise, quand elle est maîtresse d’elle-même, sait s’emparer du patriotisme et de la science pour s’en faire d’honorables appuis. Nulle part, je n’ai vu aimer si franchement ces trois choses : l’Orthodoxie, la Liberté et les Lumières.
Si donc cette contrée, qui pourtant compte quatre millions d’habitants, n’est pas appelée à de grandes destinées dans l’ordre matériel des affaires d’ici-bas, ne pourrait-elle pas y occuper encore une belle position morale ? Placée entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre, si elle semble par un triple plagiat leur emprunter leurs éléments politiques, scientifiques, industriels, elle sait les rapprocher et les vivifier par une inspiration plus sainte. Elle donne aux étrangers qui la parcourent un spectacle capable de déconcerter bien des systèmes, d’éclairer bien des préventions. Elle est là, comme une leçon, comme un exemple ; c’est bien aussi le moyen d’être une puissance. Après un rapide trajet et une station trop courte à Aix-la-Chapelle, au tombeau de Charlemagne, grande pierre noire avec ses seuls mots d’une simplicité sublime « Carolo Magno », je suis arrivé samedi soir a Cologne, où j’ai passé le dimanche. J’étais donc sur cette terre classique du Catholicisme allemand, terre de merveilleuses légendes,