Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinquante lieues. Le fer et le feu tracent sur ce sol fécond un sillon perpétuel. Le commerce y atteint par la rapidité des transports une prospérité dont nous n’avons pas même l’idée, nous, admirateurs naïfs du chemin de fer de Paris à Versailles. Vendredi, en trois quarts d’heure, je me trouvais transporté de Bruxelles à Louvain. La, dans une longue conversation avec M. Mœlher, professeur à l’Université catholique, après une visite détaillée de ce bel établissement, j’ai commencé à comprendre ce qu’il y a d’excellent dans les institutions et le caractère belges.

Déjà, au milieu des églises de la capitale, à Sainte-Gudule, à Saint-Jacques de Caudemberg, à Saint-Nicolas, la prodigalité du luxe religieux, le nombre et la piété des fidèles m’avaient appris que je foulais un sol plein de foi. Malines et ses tours archiépiscopales apparaissant à travers un nuage de vapeur, ses ateliers de charité, ses écoles chrétiennes de commerce fondées par le cardinal actuel, me témoignaient de la parfaite alliance qui unit ici l’industrie et la religion. Mais Louvain, la Sorhonne des Pays-Bas, où deux fois, sous Joseph II et sous Guillaume, une tentative schismatique de la part du pouvoir a suffi pour soulever le peuple, Louvain, remis par les évêques nationaux en possession de son antique gloire, doté de quarante chaires, d’une bibliothèque de cent trente mille volumes, de trois collèges ou les étudiants trou-