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V
FRÉDÉRIC OZANAM À SA MÈRE.
Paris, 7 novembre 1831.

Vous me permettez bien, ma bonne mère, de vous faire payer une somme de quatorze sous, pour vous faire savoir des nouvelles de ce pauvre Frédéric que vous et moi connaissons si bien et qui ne se croit pas oublié à Lyon, bien qu’une distance de cent lieues l’en sépare. Ma gaieté passagère a totalement fait naufrage. A présent que me voilà seul, sans distraction, sans consolation extérieure, je commence à sentir toute la tristesse, tout le vide de ma position. Moi, si habitué aux causeries familières, qui trouvais tant de plaisir et de douceur à revoir chaque jour réunis autour de moi tous ceux qui me sont chers, qui avais tant besoin de conseils et d’encouragements, me voilà jeté sans appui, sans point de ralliement dans cette capitale de l’égoïsme, dans ce tourbillon des passions et des erreurs humaines. Qui se met en peine de moi ? Les jeunes-gens de ma connais-