Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reste, le prospectus n’a pas mal réussi, à en juger par le résultat. Maintenant que te flot des amateurs et des curieux s’est retiré, il me laisse un auditoire sérieux d’environ cent soixante personnes, qui remplit parfaitement la salle du cours, et encombre assez les couloirs d’entrée, pour donner un semblant d’affluence. Vous me voyez de là-bas, affublé du costume ordinaire des professeurs de droit (ainsi l’a voulu l’Académie), pérorant avec un aplomb qui m’étonne, et me prenant à croire que je rêve, quand je me souviens d’avoir été hier encore sur les bancs. Je m’efforce de vivifier l’enseignement de la lettre des Codes, par leur esprit, par des considérations historiques et économiques ; j’empiète même sur l’Économie sociale, votre ancien domaine, je m’efforce d’inspirer à mes auditeurs l’amour et le respect de leur profession et par conséquent l’observance des devoirs qu’elle impose : je leur dis des vérités sévères, et leur bienveillance m’en donne volontiers le droit. Beaucoup prennent des notes, on m’adresse des lettres, il y a du zèle et du travail. Ainsi, Dieu, qui « à la brebis tondue mesure le vent » semble ouvrir à mon avenir temporel une meilleure perspective. Pourquoi faut-il que ceux dont la sollicitude l’a préparé n’en puissent plus jouir !

Ne vous sera-t-il pas possible de trouver un soir de loisir, et de m’écrire quatre ou cinq de vos bonnes pages ? Vous me feriez là une d’autant plus grande