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obligations paternelles vous effraye, le moment est loin encore où elles pourront devenir difficiles, et jusque-là, ce n’est point un fardeau que Dieu vous donne, c’est un petit ange dont la présence sanctifie votre maison, vous rend la vertu plus aimable, et la vie plus légère.

Car la vie avec ses nécessités positives, avec ses bienséances de convention, avec le frottement impur des hommes et des choses, doit souvent être accablante pour vous, surtout vos fonctions vous mettent constamment sous les yeux les côtés les moins attrayants de l’humanité. Vous cumulez probablement l’odieux du correctionnel et le fastidieux du civil et, si je ne me trompe, vous alternez entre la vertueuse indignation du ministère public, et l’inébranlable impartialité du juge. De notre côté, nous tâchons d’entretenir ce feu sacré de la fraternité chrétienne que jadis vous allumâtes avec nous. La petite Société de Saint-Vincent de Paul subsiste et se développe ; les besoins extraordinaires de cet hiver ont ranimé l’activité de nos aumônes. Nous faisons des progrès dans l’art de dévaliser les riches au profit des pauvres. Beaucoup d’entre les nôtres ont offert leurs services pour le patronage des jeunes libérés et l’excellent la Perrière s’occupe de fonder un patronage préventif. Mais que tout cela est peu, mon ami, en présence d’une population de soixante mille ouvriers, démoralisée par l’indigence et par la propagation de