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siége de Lyon, pendant lequel on la tenait cachée dans les caves avec ses sœurs. Après la prise de cette ville héroïque, son frère, à peine âgé de dix huit ans, fut mitraillé aux Brotteaux avec la fleur de la jeunesse lyonnaise ; son père et sa mère furent emprisonnés. Ils échappèrent à l’échafaud par miracle, et toute la famille, avec un vieil oncle, prieur de la chartreuse de Prémol, partit pour l’exil. On s’arrêta dans le canton de Vaux, à Echallens c’est la que ta petite exilée fit sa première communion, dans une pauvre église partagée entre les catholiques et les protestants. Mariée très-jeune, elle connut d’abord toutes les jouissances du luxe mais, après les désastres de sa fortune, elle ne faiblit pas devant la pauvreté. Courageuse, elle sut travailler de ses mains, pendant plusieurs mois, pour venir en aide à sa petite famille. Elle avait reçu une éducation très soignée, dessinait a merveille, écrivait parfaitement sa langue (ce qui est plus rare qu’on ne croit) et tournait fort joliment les vers il n’y avait pas de bonnes fêtes de famille sans une joyeuse chanson de cette aimable mère.

Sa vie fut remplie de bien des douleurs. Elle perdit une fille bien-aimée, à l’âge de dix-huit ans, , douée d’une manière merveilleuse et qui fut la première institutrice de Frédéric. Unie à son mari par la plus vive tendresse, madame Ozanam dirigea avec lui l’éducation de ses fils. Ils se trouvaient heureux de travailler à ses côtés, et elle les a suivis ainsi dans tous leurs travaux. Quand ils n’eurent plus besoin de son temps, elle le donna aux pauvres, avec les restes d’une santé très-affaiblie. On conserve d’elle les plans, très remarquables, d’instructions religieuses, qu’elle adressait à des gardes-malades des pauvres.

Elle imprima de bonne heure dans le cœur de ses enfants les sentiments élevés et la piété ardente qui étaient dans le Sten. Elle gouvernait ses fils avec, une fermeté qui ne fléchit jamais, avec une douceur, et une tendresse qui en fit, jusqu’à. son dernier jour, la plus obéie et la plus adorée des mères.