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crois me sentir, à peu près comme les disciples devaient être après l’ascension du Sauveur : je suis comme si la Divinité s’était retirée d’auprès de moi. Il me semble par moment, vous l’avouerai-je, que la foi m’échappe avec celle qui en fut pour moi l’interprète, et que je demeure seul dans mon néant. Depuis une semaine je travaille beaucoup mais le travail qui occupe l’esprit ne peut rien pour le cœur. Oh demandez pour moi au Seigneur qu’il m’envoie comme à ses disciples, orphelins aussi, l’Esprit qui console, le Paraclet ! Je n’ai pas comme eux une mission extraordinaire, à remplir je rie désire pas les dons miraculeux qu’il leur prodigua. Je voudrais seulement obtenir la force nécessaire pour achever mon pèlerinage de quelques années, peut-être de quelques jours, et pour finir, enfin, comme a fini ma sainte mère.

Adieu, mon cher ami, je vous renouvelle, avec mes vifs remercîments pour vous, la prière de me rappeler aux souvenirs de nos amis communs. Adieu ! que votre mère vous soit conservée longtemps Adieu encore.

Votre frère dévoué en Notre-Seigneur.
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Marie Nantas, née à Lyon, le 15 juillet 1781, était fille de Matthieu Nantas, marchand, de soie et administrateur de l’Hôtel-Dieu. Bien jeune, elle vit toutes les horreurs du