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C’est dans cette pensée que je viens vous demander de joindre vos vœux aux nôtres : ils ne seront point perdus.

D’ailleurs, nous avons bien besoin de cette aumône spirituelle, nous qui restons. Notre âge semblerait devoir nous rendre, mon frère aîné et moi, plus fermes et plus courageux. Mais nous avons tant vécu de la vie de famille, nous nous trouvions si bien sous les ailes de notre mère, que jamais nous n’avions quitté sans esprit de retour le nid natal. Quand il avait fallu nous éloigner, la privation nous faisait apprécier plus vivement ce qui nous manquait ; et l’absence nous avait appris à l’aimer mieux encore. Les maladies et les infirmités qui pouvaient nous préparer à une séparation n’ont fait que nous la rendre plus cruelle. Les soins qu’elles exigeaient avaient fini par prendre dans nos journées une place qui reste vide ou que rien ne remplit de même. Que mes soirées surtout sont sinistres et désolées, quand un ami n’en vient pas distraire la tristesse ! Mais surtout quelle perte pour les intérêts religieux de mon âme : douces exhortations, puissants exemples, ferveur qui réchauffait mon cœur tiède, encouragements qui relevaient mes forces ! Et puis c’était elle dont les premiers enseignements m’avaient donné la foi, elle qui était pour moi comme une image vivante de la sainte Église, notre mère aussi, elle qui me semblait la plus parfaite expression de la Providence. Aussi je