goutte d’eau qui aborde à la mer n’en a pas moins contribué à faire le fleuve, et le fleuve ne meurt pas. Celui qui a été de son temps, dit Schiller, a été de tous les temps. Il a fait sa besogne, il a eu sa part dans la création des choses qui sont éternelles. Que de livres, perdus aujourd’hui dans les bibliothèques, ont fait, il y a trois siècles, la révolution que nous voyons de nos yeux Nos pères nous sont inconnus à nous-mêmes, mais nous vivons par eux. D’ailleurs rien, dans ce que vous avez publié, ne doit décourager votre plume. Vous avez un style qui a du nerf, de l’éclat, et une érudition qui s’appuie bien. Je vous engage fort à travailler, et si j’étais le directeur de votre conscience, je vous en imposerais l’obligation.
La fin de votre lettre, où vous me parlez des instincts persévérants qui vous poussent à servir Dieu, m’a bien touché. L’espérance de vous voir un jour des nôtres me serait bien chère. Je ne sais vous dire où vous trouverez nos règles. Il me semble qu’un libraire de Paris vous les procurerait aisément. Du reste, vous y démêleriez difficilement le mécanisme de notre ordre. Je crois qu’en peu de mots vous serez mieux au courant. Le but est la prédication et la science divine. Les moyens : la prière, la mortification des sens, l’étude.La prière consiste dans la psalmodie, ou plutôt la récitation de l’office canonique, laquelle nous prend chaque jour deux heures et demie environ. Nous ne chantons que les com-