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opposais la dépendance, l’isolement dans une ville inconnue, et, par-dessus tout, la nécessité d’abandonner ma mère six mois de l’année, au péril de recevoir un jour une lettre comme celle du 12 mai 1837, et de voir se renouveler pour moi un de ces tristes voyages, dont votre amitié consolatrice a fait trois fois l’expérience.

D’ailleurs, il y a bien quelque douceur à ne point briser avec ses habitudes et son passé tout entier ; il y a place aussi dans ma nouvelle situation pour les illusions de l’avenir. On parle de la fondation d’une École de droit dans ce pays-ci, et vous comprenez que le professeur municipal serait à peu près sûr d’y trouver une chaire, c’est-à-dire inamovibilité, position honorable, et liberté d’agrandir à son gré la sphère de son enseignement. Si Dieu me prête vie et courage, et qu’il me fixe par une vocation définitive dans ces fonctions tranquilles, je croirai bien faire en mettant mes travaux personnels en harmonie avec mes devoirs publics, et en m’occupant d’une Philosophie et d’une Histoire du Droit, qui, traitées au point de vue chrétien, me sembleraient remplir une lacune bien vaste de la science et suffiraient à utiliser les années que je puis avoir à passer sur la terre. Le temps me dure de sortir des considérations générales, et d’entrer, comme on dit, dans une spécialité. Or, celle que je vous signale me paraît la plus apte à combiner les ressources de mes études littéraires et jurispruden-