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vaporeuse qui enveloppe notre avenir, je vois s’élever, et de jour en jour je le vois de plus près, un monument grandiose, non plus fondé sur le sable, comme dit le bon Descartes, mais sur le roc et l’argile. – Tu me comprends à demi-mot, et tu vois que j’en viens à notre sujet favori, à notre ou vrage.

Oh pour celui-là, ce n’est point un rêve de jeune homme ! non, c’est un penser fécond déposé dans notre esprit pour s’y développer sans cesse et se produire ensuite au’dehors sous une forme magnifique. Là dedans est notre avenir, notre vie entière. Là viennent converger toutes mes pensées, tous mes projets, toutes mes rêveries, et puisque tu veux que j’en retrace le plan, le voici[1]

Depuis que j’ai réfléchi sur le sort de l’humanité, une idée principale m’a toujours frappé de même qu’une fleur contient dans son sein les germes innombrables des fleurs qui doivent lui succéder, de

  1. Dès 1829, âgé de seize ans à peine, Ozanam avait conçu la pensée d’un ouvrage qui devait s’appeler Démonstration de la vérité de la religion catholique par l’antiquité des croyances historiques, religieuses et morales. On n’a pas cru devoir publier les nombreux cahiers qui sont restés de ce travail, mais il a paru intéressant d’en laisser connaître le plan. « Cette ceuvre, dit M. Ampère, fut l’occupation et le but de sa vie tout entière. A dix-huit ans, l’étudiant ignoré poursuivait déjà ce but vers lequel le professeur applaudi devait, vingt ans plus tard, faire le dernier pas. Déjà il méditait et commençait les études qui devaient aboutir à l’Histoire de la civilisation aux temps barbares. La forme de son dessein a changé, le dessein a toujours été le même : c’était de montrer la religion glorifiée par l’histoire. » (J.-J. Ampère, Préface aux Œuvres complètes d’Ozanam, t. I, p. 29.)