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III
A M. ERNEST FALCONNET.
Lyon, 4 septembre 1831.

Mon cher Ernest,

Aujourd’hui dimanche, au sortir de la messe paroissiale, me voici seul dans mon gîte. Et que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ? Or, je songe, par aventure, que toute lettre mérite une réponse, et que j’ai dans ma besace certain verbiage d’un mien cousin/confrère en philosophie, bachelières lettres comme moi, et qui, à tous ces titres, attend sans doute une réponse en bonne forme. Je prends la plume et je m’en viens deviser de choses et d’autres avec lui. Tu t’es donc bâti moult châteaux en Espagne, voire même châteaux de cartes qui se sont évanouis au premier souffle de bise ? C’est bien, jeune homme, il faudrait être stumpf et plump, comme disent les Allemands, pour ne pas bâtir ainsi à notre âge. Mais courage, nous ne construirons pas toujours en l’air au milieu de cette atmosphère