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faut continuer, un cœur auquel il faut, réchauffer son cœur, une intelligence où l’on doit chercher des lumières c’est un modèle sur la terre et un protecteur au ciel ; un double culte lui est dû, d’imitation et d’invocation. C’est d’ailleurs a ces seules conditions, de s’approprier les pensées et les vertus du saint, que la Société peut échapper aux imperfections personnelles de ses membres, qu’elle peut se rendre utile dans l’Eglise et se donner une raison d’existence.

Saint Vincent de Paul, l’un des plus récents d’entre les canonisés, a un avantage immense par la proximité du temps où il vécut, par la variété infinie des bienfaits qu’il répandit, par l’universalité de l’admiration qu’il inspira. Les grandes âmes qui approchent Dieu de plus près y prennent quelque chose de prophétique. Ne doutons pas que saint Vincent de Paul n’ait eu une vision anticipée des maux et des besoins de notre époque. Il n’était pas homme à fonder sur le sable, ni à bâtir pour deux jours, La bénédiction du quatrième commandement est sur la tête des saints ; ils honorèrent ici bas leur Père céleste, ils vivront longuement. Une immortalité terrestre leur est décernée dans leurs œuvres. C’est pourquoi les Augustin, les Benoît, les Bruno, les François qui dorment depuis quinze, douze, huit, six siècles dans la poussière ne cessent pas d’avoir leur postérité spirituelle, leurs représentants debout au milieu des ruines du passé.