Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reverentia. Je n’approuve pas moins votre intention de nous entretenir dans une prochaine lettre, non point précisément du sermon de charité, qui est une question toute parisienne, mais de l’esprit extérieur de la société, de l’absence du secret, et de la nécessité de rester obscur. Il serait bon de poser d’abord ce principe que l’humilité est obligatoire pour les associations comme pour les individus, et l’appuyer, par l’exemple de saint Vincent de Paul ; qui réprimanda sévèrement un prêtre de la Mission pour avoir nommé la Compagnie : Notre sainte Compagnie. Servi inutiles sumus, tel est le témoignage que doivent se rendre ceux qui s’unissent pour servir Dieu et les hommes. Il faudrait ensuite insister sur les caractères de l’humilité et montrer comme elle doit exclure cet orgueil collectif qui se cache souvent sous le nom d’amour de corps, et ces manifestations imprudentes à l’égard des étrangers sous prétexte d’édification et de prosélytisme. D’une autre part, on remarquerait que le secret n’est point la forme nécessaire de l’humilité véritable, que souvent même il lui est contraire, car on ne tait guère que ce que l’on croit important, et l’on se dédommage entre soi de l’admiration que l’on ne peut pas rechercher au dehors.

Ainsi : ne point se faire voir, mais se laisser voir, telle pourrait être notre formule, et c’est a peu près celle qu’on rencontre parmi les maximes