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XLIV
À M. AMPÈRE
Lyon, 2 juin 1837.

Monsieur et ami,

L’année dernière a cette époque, vous aviez perdu un excellent père, la France une de ses gloires, et moi un patronage qui honorait, et encourageait ma jeunesse. Mon deuil se confondait avec le deuil général qui devait être une des consolations du vôtre. Toutefois vous voulûtes bien m’admettre d’une manière plus intime à partager vos douleurs. Je me souviens d’un jour où vous vîntes me visiter dans ma petite chambre tous deux nous avions les larmes aux yeux je vous disais combien je me sentais pressé de retourner dans ma famille, de profiter de toutes les heures que le ciel accorderait à mes vieux parents. L’exemple de votre malheur me faisait penser en frémissant à la possibilité d’un malheur semblable. Aujourd’hui, vous le savez, ces tristes pressentiments se sont réalisés, et les sévérités de la Providence se sont aussi appesanties sur moi. Moi