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XLIII
À M.X...
Lyon, 1° juin 1837.

Mon cher ami,

Parmi toutes les voix consolatrices qui sont venues de loin pour témoigner sympathie à mon malheur, la vôtre a été la première et n’a pas été la moins douce. Vous savez, vous aussi, quelle solitude fait dans une famille la perte d’un de ses chefs ; si la mort d’une mère est plus déchirante pour ses fils, celle d’un père est plus accablante et fait peut-être verser moins de larmes, mais elle laisse après elle une sorte de terreur. Comme un jeune enfant, habitué à vivre à l’ombre d’autrui, si on le laisse pendant une heure seul dans une maison, pénétré du sentiment de sa propre faiblesse, s’effraye et sommet à pleurer ; de même lorsqu’on vivait si paisible à l’ombre de cette autorité paternelle, de cette providence visible en qui l’on se reposait de toutes choses, en la voyant disparaître tout à coup, en se trouvant seul chargé d’une res-