Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bable audace sur les plus hautes questions du droit constitutionnel, et sur les causes des plus illustres faits contemporains. Je ne sais si, comme la presque totalité de l’auditoire, vous eussiez, après les débats, compté sur un verdict d’acquittement ; mais je sais fort bien que, n’étant pas sourd, vous auriez entendu prononcer une condamnation qui, pour n’être point trop sévère, n’en a pas moins désappointé le défenseur et le défendu. On m’a vraiment complimenté sur mon discours mais, vous le savez, mes pauvres paroles ont ce bonheur d’obtenir des félicitations quelquefois, des convictions presque jamais. Voilà, mon cher ami, la plus mémorable scène de cette vie du barreau, laquelle j’ai l’avantage de mener depuis quatre mois. Jugez du reste.

Je pensais écrire aujourd’hui à N. mais voici qu’aujourd’hui finit, puisque minuit sonne. N’ayant pas le temps de lui écrire demain, qui n’est plus demain, je vous prie de lui communiquer ce qui pourra l’intéresser dans cette lettre, et de faire ensemble avec lui. En particulier je le prie de ne point trop prendre cette habitude d’écrire sans penser qu’il trouve si douce et qui est commune maintenant à beaucoup de gens qui ne sont pas clercs. Je ne le presse pas pour mon article, mais je lui en fais conscience dans l’intérêt de son propre génie, qui a besoin d’un peu d’exercice, s’il ne veut pas s’endormir dans la vapeur des requêtes et des juge-