Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XL
À M. AMPÈRE.
Lyon,16 février 1837.

Monsieur,

Dans l’humble et douce vie de famille que je mène depuis six mois, je laisse souvent retourner mes pensées au temps où, quittant Lyon pour la première fois, j’arrivais, jeune homme de dix-huit ans, au milieu de la bruyante et dangereuse solitude de la capitale. Alors je me rappelle la maison tutélaire qui s’ouvrit pour abriter mon inexpérience, la famille qui voulut bien m’admettre au nombre de ses enfants ; et celui qui, au milieu de ses occupations infinies et de ses honneurs, trouva le temps et ne dédaigna point de me servir de père. Ces souvenirs me laissent toujours dans une sorte d’étonnement, et, tout ému des bontés de la Providence, je me demande avec inquiétude ce qu’elle a pu vouloir de moi en plaçant ma jeunesse sous de si rares auspices. L’affection que vous-même m’avez plus d’une