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un ceps qu’il ait entoure de plus de soins et dont il puisse dire avec plus de justice «  Quid potui facere vinae et non feci.  » Et moi, plante mauvaise, je ne me suis point épanoui au souffle divin, je n’ai point plongé mes racines dans ce sol qu’il remuait autour de moi, je me suis flétri.et desséché j’ai su le don de Dieu, j’ai senti l’eau vive baigner mes lèvres et je ne les ai point ouvertes, je suis resté un être passif, je me suis enfermé dans ma lâcheté. En ce moment encore où l’appel d’en haut retentit à mon oreille, où je sens l’inspiration Se retirer un peu comme pour me menacer, mais non pour m’abandonner a jamais, en ce moment encore je ne sais pas vouloir, je ne sais pas agir, et je sens s’accumuler sur ma tête la responsabilité des faveurs que je néglige chaque jour. Je vous ai dit ma peine, je l’ai dite tumultueusement et sans ordre, comme je l’éprouve ; mais, pour que vous ne refusiez point de me croire, pour que votre indulgente charité n’attribue point un moment d’exaltation les lignes que je viens de tracer, je m’expliquerai plus clairement.

Deux choses surtout nous font palpiter d’ une envie généreuse, nous autres jeunes chrétiens : ces deux choses sont la science et la vertu. On m’apprit de bonne heure les goûter et je me crus fait pour elles, Dans nos conversations de ces vacances, je e vous avais raconté mes rêves à cet égard. J’avais résolu pour les deux années qui me restent à pas-