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rendus, mémoires elles n’ont pas un an d’existence qu’elles possèdent déjà de gros volumes de procès-verbaux. La philanthropie est une orgueilleuse pour qui les bonnes actions sont une espèce de parure et qui aime se regarder au miroir. La charité est une tendre mère qui tient les yeux fixés sur l’enfant qu’elle porte à la mamelle, qui ne songe plus à elle-même et qui oublie sa beauté pour son amour.

Je ne crois pas non plus que cette perte soit fâcheuse pour vous. Il est mieux que vous éleviez votre œuvre par vos propres forces, sous l’inspiration de votre cœur, sous l’influence des circonstances locales, sous la direction du prêtre vénérable qui vous préside avec tout cela, vous vous passerez très-facilement d’un modèle, du reste, fort imparfait vous ne ferez pas comme nous, vous ferez mieux que nous.

Cette prédiction n’est point une flatterie, c’est l’expression de ce que j’ai senti à la lecture de votre lettre si brûlante de charité, si pleine de ce feu apostolique qui a embrasé le monde, et dont votre âme a recueilli de si vives étincelles. J’aurais été égoïste et mauvais si j’avais gardé pour moi seul cette jouissance j’ai dû porter à notre réunion vos belles et généreuses paroles : j’ai lu à mes collègues réunis, en présence du curé de la paroisse qui avait bien voulu venir nous présider ce jour-là, une grande partie de votre lettre. L’impression qu’elle