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Tu voudrais savoir ce-que tu feras dans dix ans d’ici, ce que tu feras pendant le court espace de la vie mais que seras-tu dans quatre-vingts ans d’ici et pendant tous les siècles après ? Voilà ce qu’il dépend de toi de déterminer. La valeur du christianisme est là, et non point dans l’attrait que ses dogmes peuvent présenter à des hommes d’imagination ou d’esprit. Je te conjure donc de t’ouvrir à moi sur ton état moral car je suis convaincu que là, toutes tes mélancolies ont leur source.

Une autre fois, mon cher ami, je t’écrirai une lettre un peu plus riante et plus variée,. de peur que tu ne t’imagines que je passe ma journée avec des têtes de mort et que je me prépare à entrer au séminaire ce qui certes est bien éloigné de mes pensées et de mes goûts. Mais, outre que j’avais besoin de répandre un peu de l’inquiétude qui pèse à ton sujet sur mon âme, j’avais les oreilles remplies des tristes nouvelles qu’on me donne des événements de Lyon, et qui suffisent bien pour rendre mon langage un peu plus sévère et plus réfléchi que de coutume. Mes respects affectueux à ton père, et ne doute pas que je ne t’aime toujours de toute la puissance d’une vieille et fraternelle amitié.