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qu’il te connaît, l’autre parce qu’il aimerait à te connaître.

Je t’embrasse de grand cœur.




Au commencement de cette année 1854 les étudiants catholiques avaient un vague espoir que Monseigneur donnerait suite a la demande des conférences, et ils rédigèrent une seconde pétition pour les demander de nouveau. Cette fois elle fut couverte de deux cents signatures. MM. Ozanam, Lallier et Lamache furent délégués pour la porter. Ils eurent leur audience le 15 janvier 1854. Ils exposèrent encore a Monseigneur le désir d’un enseignement qui sortît du ton ordinaire des sermons, où l’on traiterait les questions qui préoccupaient alors la jeunesse, où la religion serait présentée dans ses rapports avec la société, et répondrait au moins indirectement aux principales publications de France et d’Allemagne. Ils insistèrent encore pour avoir l’abbé Lacordaire qui leur était connu par l’Avenir et le procès de l’école libre. Il avait pour lui les vives sympathies de la jeunesse ; c’était sans doute un pressentiment. Monseigneur ne voulut pas s’expliquer, et, sur les instances de ces jeunes gens, il finit par leur dire qu’il espérait les contenter, qu’il allait tenter un essai. En ce moment la porte s’ouvrit et M. de la Mennais parut. Monseigneur courut au-devant de lui, l’embrassa, le prit par la main, et, se tournant vers ces jeunes gens « Voilà, messieurs, l’homme qui vous conviendrait si la faiblesse de sa voix lui permettait de se faire entendre, Il faudrait ouvrir les grandes portes pour laisser entrer la foule, et la cathédrale ne serait pas assez vaste pour contenir tous ceux qui accourraient autour de sa chaire. Oh moi, maintenant, Monseigneur, répondit tristement M. de la Mennais, ma carrière est finie. »

Les trois étudiants se retirèrent après avoir remis à Mon-