quête du monde : les chrétiens seuls surent mourir sans vengeance, et cet art plus grand leur livra le monde entier.
Tel fut le progrès de la conquête chrétienne aux temps mérovingiens : il en faut voir les résultats. Ce qui m’étonne d’abord, c’est que l’Église, qui aima les barbares jusqu’à mourir pour eux et par leurs mains, ne se détacha pourtant pas de la civilisation antique, c’est qu’elle en garda, en ranima les ruines. Cette fois encore, l’ordre surnaturel soutint l’ordre naturel et lui communiqua la vie.
Premièrement, le dogme sauva la science. En effet, le mythe païen aimait les ténèbres, il se plaisait dans l’ombre des initiations, il ne se discutait pas : le dogme chrétien aime la lumière, il se prêche sur les toits, il provoque la controverse. Saint Augustin avait dit : « Quand l’intelligence a trouvé Dieu, elle le cherche encore, » et il ajoutait cette belle parole : « Intellectum valde ama », « aimez à comprendre. » La vérité révélée voulut donc être comprise, et la philosophie recommença. La théologie fut longtemps maîtresse de brûler les écrits des philosophes païens. Que dis-je ? elle n’avait qu’à les laisser brûler par les barbares. Au contraire, elle les conserva ; elle fit une œuvre sainte aux moines de copier les livres de Sénèque et de Cicéron. Saint Augustin, sous son manteau d’évêque, avait introduit Platon dans l’école. Boëce y fit entrer Aristote en traduisant l’Introduction de Porphyre, qui devint le texte principal de l’enseignement philosophique. Les