faire, et comment pousser plus loin qu’eux la simplicité et la grandeur ? Mais, premièrement, ces beautés incomparables sont aussi des beautés inspiratrices ; elles ne se laissent pas contempler sans laisser dans l’âme le désir, le besoin, la passion de les imiter. Quand donc l’esprit humain ne dépasserait jamais les œuvres de l’antiquité, il pourrait encore ajouter les monuments aux monuments, et augmenter l’ornement de sa demeure terrestre. Au-dessous de la Rome des Césars, toute de marbre et d’or, et devenue, comme l’appelle Virgile, la plus belle des choses, se creusait la Rome souterraine des chrétiens : jamais le progrès ne fut plus obscur. Et cependant les chapelles pratiquées dans ces souterrains devaient un jour percer la terre, monter plus haut que tous les temples et tous les théâtres antiques. Saint-Pierre, Sainte-Marie-Majeure ajoutent leur majesté vivante aux ruines du Forum et du Colisée.
En second lieu, si l’art des anciens a pour lui la pureté des formes, le calme des attitudes, la vérité des mouvements, enfin une merveilleuse faculté de rendre le fini et le visible, il n’a pas le don de traduire l’invisible et l’infini. Voyez les bas-reliefs dont Phidias décora les frises du Parthénon. Qui n’admirerait la naïveté des poses, la vigueur et la grâce des contours ? Et toutefois, quand le sculpteur représente la querelle des Lapithes et des Centaures, on s’étonne de voir la même sérénité sur les traits des combattants, les uns tuant sans colère, les autres mourant sans désespoir. Serait-ce que l’artiste aurait tenté d’exprimer un idéal héroïque,