lémée. Les étoiles fuient bien loin des faibles distances calculées par l’astronomie ancienne. Mais le télescope les poursuit, le calcul les replace sous des lois plus savantes et en même temps plus simples. La terre semble s’anéantir en présence de ces amas d’astres semés comme des îles dans l’océan lumineux. Mais l’homme grandit, puisqu’il mesure son néant. Malheur à ceux que ce spectacle éloigne de Dieu, comme si leur attente avait été trompée, comme si, en pénétrant dans les espaces du ciel, ils avaient espérer trouvé Dieu quelque part assis sur un trône matériel, comme se le figuraient les anciens ! Au contraire, tout ce qui plonge l’homme loin du visible et du fini le rapproche de ce Dieu que le christianisme publie infini et invisible. Les étoiles, du temps de David, racontaient la gloire du Créateur ; elles n’ont pas tenu un autre langage à Kepler et à Newton.
Si la loi du progrès entraîne ainsi les intelligences, comment laisserait-elle les sociétés immobiles ? Dans les grands empires de l’Orient, une autorité toute-puissante écrase les volontés : là, point de progrès, parce qu’il n’y a point de lutte. Au contraire, la liberté agite les peuples de la Grèce ionienne ; elle fait et défait des pouvoirs aussi mobiles que les dieux de l’Olympe ; là, le progrès se soutient mal, parce qu’il n’y a plus de règle. Il faut que ces deux puissances nécessaires, l’autorité et la liberté, se trouvent en présence à Rome, fortes, l’une de la majesté du patriciat, l’autre de la persévérance plébéienne : il faut qu’elles entrent en