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étaient cependant voués à l’étude des choses divines. La théologie scolastique y naquit ; de l’idée de Dieu, elle fit jaillir sur l’homme et sur la société des lumières que l’antiquité n’avait pas connues. Ses disputes mêmes, dont on a trop accusé la subtilité, tinrent les esprits en haleine pendant cinq cents ans et disciplinèrent la raison moderne.

Le moyen âge avait mieux servi les sciences morales que les sciences physiques. Cependant une parole de Roger Bacon, et les calculs inexacts de Marco Polo, poussèrent Christophe Colomb sur la route du nouveau monde. La foi de ce grand homme fit la moitié de son génie ; l’opiniâtreté de sa croyance répara l’erreur de ses conjectures, et c’est pourquoi Dieu lui donna, comme il dit, « les clefs de l’Océan, et le pouvoir de rompre les chaînes de la mer, qui étaient si fortement serrées. » Avec une nouvelle terre se dévoile toute une création nouvelle ; les tributs des plantes et des animaux se multiplient. Quelques années encore, et les vaisseaux de Magellan ayant achevé le tour du globe, l’homme se trouve maître de sa demeure. La science aborde aux ports de la Chine et de l’Inde ; elle force ces sociétés impénétrables à livrer leurs écritures sacrées, leurs épopées, leurs annales. Le moment approche où elle rendra la voix aux hiéroglyphes de Thèbes et aux inscriptions de Persépolis.

Pendant que l’homme finit de conquérir la terre, de peur qu’il ne trouve un moment de repos, Copernic lui ouvre l’immensité en brisant les cieux factices de Pto-