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raient-ils traité avec le même respect des races issues de dieux différents, destinées, les unes à commander, les autres à obéir ? Le progrès s’arrêtait là, si le christianisme ne fût venu pour chasser les terreurs superstitieuses qui enveloppaient encore la nature, et pour rendre le genre humain à lui-même, en lui rendant l’unité de race et de destinées.

Le christianisme paraît, et il a ses conquérants qui laisseront derrière eux les aigles romaines. Dès le septième siècle, des moines byzantins s’enfoncent dans les steppes de l’Asie centrale et franchissent la grande muraille de la Chine. Six cents ans plus tard, d’autres religieux porteront les messages des papes au khan des Tartares, et enseigneront la route de Péking aux marchands de Gênes et de Venise. Sur leurs traces, Marco Polo traversera le Céleste Empire et visitera les îles de la Sonde deux siècles avant les navigateurs portugais. D’un autre côté, les moines irlandais, poussés par cette passion de l’apostolat qui agitait leurs monastères, s’aventurent sur les mers de l’ouest, touchent, en 795, aux bords glacés de l’Islande, et, poursuivant leur pèlerinage vers l’inconnu, se font jeter par le vent sur la côte d’Amérique. Lorsque, au onzième siècle, les Scandinaves abordèrent au Groënland, ils apprirent des Esquimaux qu’au sud de leur pays, au delà de la baie de Chesapeack, « on voyait des hommes blancs vêtus de longs habits blancs, qui marchaient en chantant et en portant devant eux des bannières. » Ces cloîtres, d’où sortaient les explorateurs du monde terrestre,