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ques années le monde des Grecs. Mais Aristote se fait un empire plus vaste que celui d’Alexandre et surtout plus durable : il met la main sur le visible et l’invisible, il donne des lois à la nature et à la pensée. Pour continuer son œuvre, ce n’est pas trop de plusieurs générations de savants : Ératosthène mesure la terre, Hipparque dresse la carte des cieux. En même temps l’humanité commence à se chercher elle-même : les philosophes l’étudient dans son essence et les historiens dans ses œuvres. Hérodote avait rattaché au récit des guerres médiques l’histoire de l’Égypte et de la Perse. Diodore de Sicile poussa ses recherches jusqu’aux derniers peuples du Nord. Il semble que les Romains ajouteront peu à ces découvertes. Ils n’agrandissent pas le monde connu, mais le traversent dans tous les sens ; ils le percent déroutes, ils le rendent praticable : Pervius orbis. Les nations se rapprochent, encore incapables de s’aimer, déjà forcées de se connaître. Tacite écrit la Germanie : c’était écrire déjà l’histoire de l’avenir.

Cependant la science antique ne connaissait Dieu qu’imparfaitement. Platon, qui avait le plus approché du Père des choses, ne le concevait ni seul, ni libre, ni créateur, puisqu’il lui opposait une matière éternelle. Le paganisme jetait à la fois ses ombres sur la nature et sur l’humanité. D’une part, le grand nombre des esprits hésitait à forcer les secrets du monde physique qu’il croyait tout peuplé de divinités jalouses. D’un autre côté, comment les historiens au-