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grandir ; en effet, le christianisme représente les saints allant de clarté en clarté, et le bonheur de la vie future comme un progrès éternel.

L’ordre surnaturel domine l’ordre naturel ; il l’éclaire, le féconde et le règle. Le dogme nourrit la philosophie, les lois religieuses servent de premières assises aux constitutions politiques, le culte suscite les architectes et les poëtes. Toutefois, l’ordre de la nature reste distinct, quoique subordonné : il a sa lumière propre, quoique insuffisante, qui est la raison. Le vrai, le bien et le beau s’y manifestent par la science, par les institutions sociales et par les arts.

La science commence, et elle trouve aussi dans la foi le principe de ses progrès. Car il existe une foi naturelle, qui est le fond même de la raison. Elle marque à la science son point de départ dans un certain nombre de vérités indémontrables. Pour comprendre, il faut croire, et Descartes, voulant reconstruire tout l’édifice des connaissances humaines, lui donna pour première pierre cette première certitude : « Je pense, donc je suis. » En même temps, la foi jette la science dans une carrière sans bornes en lui communiquant l’idée de l’infini. L’esprit humain ne se délivrera jamais de cette idée impitoyable qui le tourmentera, qui lui fera prendre en mépris le connu pour s’enfoncer avec passion dans l’inconnu, et qui ne lui laissera pas de cesse jusqu’à ce que, arrivé au bout de la nature, il y trouve Dieu.

En second lieu, l’amour devient le principe du pro-