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assis au pied des images de leurs aïeux, se résignaient à leur déchéance en répétant avec Horace :

Ætas parentum, pejor avis, tulit
___Nos nequiores, mox daturos
___Progeniem vitiosiorem.

Si quelque part, chez Sénèque, par exemple, éclate un merveilleux pressentiment de l’avenir, s’il annonce en termes magnifiques les révélations que la science réserve aux siècles futurs, ces lueurs ne sont que le reflet du christianisme, qui venait de se lever sur le monde, et qui effleurait déjà de ses clartés les intelligences les plus éloignées de lui.

C’est avec l’Évangile qu’on voit commencer la doctrine du progrès. L’Évangile n’enseigne pas seulement la perfectibilité humaine, il en fait une loi : « Soyez parfaits, estote perfecti : » et cette parole condamne l’homme à un progrès sans fin, puisqu’elle en met le terme dans l’infini : « Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait. » La loi de l’homme devient aussi celle de la société ; saint Paul, comparant l’Église à un grand corps, veut que ce corps « grandisse jusqu’à sa maturité complète, jusqu’à réaliser dans sa plénitude l’humanité du Christ. » Et, pour m’assurer que j’entends bien le texte sacré, un Père de l’Église, Vincent de Lérins, après avoir établi l’immutabilité du dogme catholique, se demande : « N’y aura-t-il donc point de progrès dans l’Église du Christ ? Il y en aura, répond-il, et même beaucoup. Car qui serait assez envieux du bien des hommes, assez maudit de Dieu, pour