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trouvai toujours bienveillant, mais trop souvent renouvelé. Je vais chercher ceux qui m’écoutèrent un moment, et qui, en sortant de l’école m’ont gardé quelque souvenir. Ce travail résumera, refondra mes leçons et le peu que j’ai écrit.

Je le commence dans un moment solennel et sous de sacrés auspices. Au grand jubilé de l’an 1300, et le vendredi saint, Dante, arrivé, comme il le dit, au milieu du chemin de la vie, désabusé de ses passions et de ses erreurs, commença son pèlerinage en enfer, en purgatoire et en paradis. Au seuil de la carrière, le cœur un moment lui manqua ; mais trois femmes bénies veillaient sur lui dans la cour du ciel : la Vierge Marie, sainte Lucie et Béatrix. Virgile conduisait ses pas, et, sur la foi de ce guide, le poëte s’enfonça courageusement dans le chemin ténébreux. Ah ! je n’ai pas sa grande âme, mais j’ai sa foi. Comme lui, dans la maturité de ma vie, j’ai vu l’année sainte, l’année qui partage ce siècle orageux et fécond, l’année qui renouvelle les consciences catholiques. Je veux faire aussi le pèlerinage de trois mondes, et m’enfermer d’abord dans cette période des invasions, sombre et sanglante comme l’enfer. J’en sortirai pour visiter les temps qui vont de