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mit dans mes pensées l’ordre et la lumière ; je crus désormais d’une foi rassurée, et, louché d’un bienfait si rare, je promis à Dieu de vouer mes jours au service de la vérité qui me donnait la paix.

Depuis lors, vingt ans se sont écoulés. À mesure que j’ai plus vécu, la foi m’est devenue plus chère ; j’ai mieux éprouvé ce qu’elle pouvait dans les grandes douleurs et dans les périls publics ; j’ai plaint davantage ceux qui ne la connaissaient point. En même temps, la Providence, par des moyens imprévus et dont j’admire maintenant l’économie, a tout disposé pour m’arracher aux affaires et m’attacher au travail d’esprit. Le concours des circonstances m’a fait étudier surtout la religion, le droit et les lettres, c’est-à-dire les trois choses les plus nécessaires à mon dessein. J’ai visité les lieux qui pouvaient m’instruire, depuis les catacombes de Rome, où j’ai vu le berceau tout sanglant de la civilisation chrétienne, jusqu’à ces basiliques superbes par lesquelles elle prit possession de la Normandie, de la Flandre et des bords du Rhin. Le bonheur de mon temps m’a permis d’entretenir de grands chrétiens, des hommes illustres par l’alliance des sciences et de la foi, et d’autres qui, sans avoir la foi, la servent à leur insu par la droi-