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reviens à notre sujet favori. Oh ! pour celui-là, ce n’est point un rêve de jeune homme, c’est un germe fécond déposé dans notre esprit pour se développer et se produire ensuite au dehors sous une forme magnifique. Là-dedans est tout notre avenir, notre vie entière… Vois-tu ! ajoutait-il, nous avons besoin de quelque chose qui nous possède et nous transporte, qui domine nos pensées et nous élève. » Sans doute il songeait à cette entreprise de sa jeunesse, quand, plus tard, il disait : « Le moment est venu de tenir à Dieu les promesses de mes dix-huit ans. »

En 1831 parurent à Lyon les réflexions sur la doctrine de Saint-Simon ; Ozanam opposait à cette doctrine antichrétienne et nouvelle à la fois l’Évangile et l’antiquité, cherchant dès lors, d’une main novice encore, mais déjà résolue, à saisir l’enchaînement des traditions du genre humain. C’était comme une préface du livre auquel il devait travailler jusqu’à son dernier jour.

Il reste à montrer quelque chose de plus beau que la constance de ce dessein poursuivi dès sa jeunesse, c’est le sacrifice de ce dessein et de la vie elle-même à la volonté divine.

Il n’y a pas encore deux ans, quand cette vie si courte était près de finir, quand la mort le menaçait, en voyant qu’il ne pourrait tenir à Dieu sa promesse tout entière, le cœur brisé et résigné, il renonçait, non sans un déchirement profond, mais avec une soumission