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discussions philosophiques. D’ailleurs, presque tout ce que nous avons de lui a été écrit à la hâte, recueilli par des sténographes, et n’a presque jamais été revu. Il commence des traités qu’il n’achève pas, ou bien il change le plan qu’il avait adopté d’abord. Mais sous un désordre apparent se trouve l’ordre intérieur le plus puissant qui fût jamais ; et ce n’est pas une des moindres satisfactions de l’esprit qui pénètre au milieu de ce travail, que d’y découvrir la puissance, l’unité d’un génie toujours maître de lui-même, qui, une fois chrétien, n’a jamais dévié du chemin droit où il marchait toujours pour arriver à Dieu.

Mais il n’est pas vrai qu’il en soit venu jamais à mépriser la philosophie et à sacrifier la raison à la foi. Bien loin de là, il écrit à Romanien et l’excite à embrasser cette philosophie dans le sein de laquelle il s’est lui-même jeté, et qui lui a appris à mépriser Pélage, à repousser les erreurs manichéennes[1] ; c’est elle qui le soutenait dans ses recherches et lui promettait de lui montrer Dieu, qui le lui laissait apercevoir comme à travers de lumineux nuages. Quant aux philosophes de l’antiquité, il fait la part de leur faiblesse, mais aussi de leur gloire. Il admire le chef de l’Académie : pour lui, Platon a approché bien près de Dieu ; mais il ne méconnaît pas l’insuffisance de ces essais de l’esprit humain : il déclare qu’un petit nombre d’hommes, avec beaucoup de génie, de science, de loisir et de travail,

  1. Contra Academicos, l. I, c. II.