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passait ses journées tantôt à lire un demi-chant de l’Énéide tantôt à commenter l’Hortensius de Cicéron, auquel il était redevable des premiers mouvements honnêtes de son cœur ; tantôt enfin à philosopher avec Trygetius, Alypius, Licentius et d’autres bien obscurs si on les compare aux illustres interlocuteurs des dialogues de Cicéron, obscurité touchante si l’on admire cette philosophie chrétienne par laquelle il n’y avait pas de petits ; car, dit saint Augustin, les petits, même en s’occupant des grandes choses, se font grands. Aussi, sa mère venant un jour se mêler à ses entretiens philosophiques, il se garda bien de la repousser, et comme elle s’étonnait qu’une femme fût admise à philosopher, saint Augustin s’en fait gloire et il a raison. Ainsi la conversation s’engage, et ce sont ces conversations recueillies par des sténographes qui formeront les premiers traités philosophiques de saint Augustin, ses livres Contra Academicos, De ordine, De vita beata, auxquels il faut ajouter ses Soliloques, les livres De quantitate anime, De immortalitate animæ, De libero arbitrio, etc. Aucun de ces ouvrages ne présente un système de philosophie complet, ce système est plutôt disséminé dans tout l’ensemble des ses œuvres ; cela tient à la manière de composer et de travailler de cet homme si laborieux, disputé par des occupations infinies, occupé à résoudre des procès et des difficultés entre les bonnes gens d’Hippone, appelé à diriger toutes les grandes décisions de l’Église. Au milieu de ces occupations, de temps à autre il s’abandonnait à quelques