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m’étais levé. Je le pris, je l’ouvris, et je lus en silence le premier chapitre où tombèrent mes yeux : « Ne vivez pas dans les festins, dans l’ivresse, dans les plaisirs et les impudicités, dans la jalousie et la dispute : mais revêtez-vous de Jésus-Christ, et n’ayez pas de prévoyance pour le corps, au gré de vos sensualités. » Je ne voulus pas lire au delà, et il n’en était pas besoin. Aussitôt, en effet, que j’eus achevé cette pensée, comme si une lumière de sécurité se fût répandue sur mon cœur, les ténèbres du doute disparurent.

Alors, ayant marqué le passage du doigt ou par quelque autre signe, je fermai le livre et le fis voir à Alype[1]. »

Toutes les ténèbres s’étaient dissipées ; à dater de ce jour Augustin est en possession de ce Dieu qu’il avait poursuivi, qui le poursuivait depuis si longtemps, et qui, enfin, s’était emparé de lui. Il est avec lui en communication si parfaite, il le contemple si réellement, que, dans cet autre moment célèbre dont il nous a laissé la mémoire, dans ses entretiens avec sa mère, on sent qu’il est allé aussi loin qu’un mortel pouvait aller dans la rencontre de l’homme avec Dieu.

Bien peu de temps après le jour de cette conversion, Monique allait rendre son âme à Dieu ; mais le moment de sa mort n’était pas encore connu, et tous deux, la mère et le fils, étaient à Ostie, se disposant à s’embarquer sur le navire qui devait les ramener en Afrique. Comme

  1. Confessiones, l. VIII, c. XII.